Selon
la tradition, l’abbaye fut fondée vers 625 par saint Riquier,
un laïc converti à la vie religieuse, dans sa jeunesse,
par deux moines irlandais. Entre la fin du VIIIe et la fin
du IXe siècle (époque carolingienne) elle fut un grand centre
religieux, culturel et intellectuel. Attaquée et incendiée
par les Vikings en 881, l’abbaye entra ensuite dans une
période de déclin qui dura environ un siècle. Au cours des
siècles, l'abbaye subit des phases de reconstruction.
C’est de l’une d’elle, au début du XVIe siècle, que date
la façade actuelle, magnifique exemple de style gothique
flamboyant. Touchée par un nouvel incendie en 1719, puis
vendue comme bien national pendant la Révolution, en 1791,
elle échappa cependant à une destruction totale car l’église
abbatiale devint l’église paroissiale de Saint-Riquier.
Finalement rachetée par le diocèse d’Amiens, l’abbaye fut
restaurée au cours du XIXe siècle. Elle servit d’hôpital
militaire pendant les deux guerres mondiales. Devenue propriété
du Conseil départemental de la Somme en 1972, l’abbaye accueille
le festival de Saint-Riquier, chaque été depuis 1985. Depuis
2012, elle abrite également un centre culturel départemental.
Classée
monument historique en 1840
,
l’abbatiale de Saint-Riquier est particulièrement renommée
pour sa façade édifiée au début du XVIe siècle dans le style
gothique flamboyant. Dominée par une tour-clocher haute
de près de 50 mètres et encadrée par deux tourelles d’escalier,
la façade comprend trois portails admirablement sculptés,
en particulier le portail central. Sur le tympan de ce dernier
figure un arbre de Jessé, représentation symbolique de la
généalogie de Jésus. Au-dessus du tympan, on peut voir sur
deux registres, de part et d’autre d’une statue de la Trinité,
plusieurs apôtres et deux abbés. À l’intérieur du gable,
reconnaissable à sa forme triangulaire, est sculpté le Couronnement
de la Vierge. Plus haut encore, au niveau des cloches, sont
représentés saint Michel, Adam et Ève, et les prophètes
Moïse et David. L’intérieur de l’abbatiale est tout aussi
intéressant que la façade. La nef, haute de près de 25 mètres,
frappe par sa blancheur et sa luminosité. Sur les deux piliers
soutenant la tribune d’orgue, on remarque deux grandes statues
représentant, pour l’une, saint Christophe traversant un
torrent et, pour l’autre, saint Jacques le Majeur. L’orgue,
qui date du XVIIIe siècle, comprend trente jeux. Une grille
en fer forgée datant du XVIIe siècle sépare la nef du transept
et du chœur. Dans ce dernier, on peut notamment admirer
les stalles en chêne sculpté, le maître-autel en marbre
surmonté d’un grand Christ en croix, la chaire abbatiale
et l’aigle-lutrin. Le déambulatoire, dans lequel il ne faut
pas manquer la châsse contenant le crâne de saint Riquier,
dessert plusieurs chapelles rayonnantes dont la plus grande
est dédiée à la Vierge Marie.
Les
ailes de style classique qui entourent l’église abbatiale
ont été construites dans la seconde moitié du XVIIe siècle
sous l’abbatiat de Charles d’Aligre, puis restaurées au
XVIIIe siècle (après l’incendie de 1719) et à nouveau au
XIXe siècle (après les dommages consécutifs à la Révolution
française et à une violente tempête qui eut lieu en 1800).
Avant la Révolution, elles constituaient les bâtiments conventuels
destinés à la vie quotidienne des moines (celliers, cuisines,
réfectoire, dortoir, infirmerie...). Au XIXe siècle, après
leur restauration, les ailes furent utilisées par le petit
séminaire. On y trouve aujourd’hui des salles d’exposition,
des salles de séminaire et un théâtre dédié aux spectacles
vivants. Le logis abbatial, c’est-à-dire la demeure réservée
à l’abbé, a lui aussi été construit sous l’abbatiat de Charles
d’Aligre. Il servit à l’origine à remplacer l’ancien logis
abbatial, aujourd’hui disparu, qui datait de la fin du XVe
siècle et se trouvait à l’emplacement du parvis actuel,
devant l’église abbatiale. Acheté en 1791 par l’abbé Callé,
curé de Saint-Riquier, le logis abbatial fut utilisé au
XIXe siècle par le petit séminaire. La chapelle de ce dernier
fut d’ailleurs édifiée au sud de celui-ci, au début des
années 1860, mais elle a été détruite en 1974 pour redonner
toute sa perspective à l’abbaye. Le logis abbatial accueille
aujourd’hui une annexe de la Bibliothèque départementale
de la Somme.
Au détour d’une promenade, on peut y admirer les granges
picardes, les « petites écoles » et le mur d’enceinte formant
un jardin arboré carré presque fermé. Sur environ 3 hectares
sont plantés 300 arbres fruitiers : pommiers, poiriers,
cerisiers, pêchers, pruniers mais aussi châtaigniers, noyers
et noisetiers, ainsi qu’une centaine d’arbres d’ornement.
Le parc et les granges abritent également des œuvres d’art,
notamment à l’occasion des expositions d’art contemporain
ou à titre durable.
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