A
l'origine se trouvait un bourg nommé Cularo,
fondé environ 3 siècles avant J.C., entre
les rivières Drac et Isère, sur la route
entre Vienne, capitale de la cité des Allobroges,
et Rome. Les empereurs romains Dioclétien
et Maximien firent édifier, entre 286 et 293,
une muraille haute de 8 mètres, de forme elliptique,
avec une quarantaine de tours semi-cylindriques. Les
remparts étaient percés de deux portes
munumentales. De nos jours, de gros clous au sol permettent
de figurer le tracé du mur, autour de la ville
ancienne. En 379, Cularo est élevée au
rang de cité par l'empereur Gratien,
et devient ville épiscopale. Cularo prit le nom
de Gratianopolis en l'honneur de l'empereur Gratien.
L'importance de la ville va croître à partir
du XIe siècle, en devenant la capitale du Dauphiné.
Au
XIIIe siècle la ville se nomme Graignovol, puis
Gregnoble au XIVe siècle. En 1281 une charte de liberté
est accordée à la ville, et les 4 premiers
consuls sont élus. En 1349, par le traité de
Romans, le dauphin Humbert
II vend le Dauphiné au roi de France Philippe
VI.
C'est
en 1428 que les rues de la ville furent pavées.
En 1447, la Charte de liberté de la ville est confirmée
par Louis II, dauphin de France et futur roi Louis XI,
puis par le roi François Ier en 1541. Louis II va exercer
le pouvoir sur le dauphiné de 1447 à 1456,
il est l'une des personnalités qui marquèrent
l'histoire de Grenoble. En 1453, il instaura le Parlement
du Dauphiné, fit réaliser d'importantes
constructions, et fit venir à Grenoble des artisans
étrangers et des banquiers juifs (chassés un
siècle auparavant). De plus, il obtint que l’évêque
de la ville lui prêtât hommage.
Parmi
les autres personnalités qui marquèrent
la ville, un personnage fut célébré
dans toute la France : Pierre
Terrail de Bayard, plus connu sous le terme de "chevalier
Bayard". En 1515, 9 mois avant la célèbre
bataille de Marignan, François Ier le nomma Lieutenant
général du Dauphiné. Il s'attaqua aux 3 principaux problèmes
que subissait Grenoble et la région : les inondations,
la peste, et les brigands. Bayard va veiller à
faire assainir les rues, purger les égouts, et
faire fortifier les berges de l'Isère et du Drac,
faire édifier des digues, payer des mendiants
afin qu'ils assument un travail pour la ville...
Les
guerres de religion en Dauphiné, qui durèrent
de 1562 à 1590 provoquèrent l'émergence
d'un autre personnage clé de l'histoire de Grenoble
: François
de Bonne de Lesdiguières, un capitaine rallié
au protestantisme. Ce capitaine eut 2 vies : l'une de
pillages (900 villages saccagés, de nombreuses
exactions, pillage des biens d'église...), vie
de pillage qui s'acheva par la prise de Grenoble en
1590. Avec l'arrivée sur le trône d'Henri
IV en 1589, les protestants (huguenots) retrouvèrent
des postes de responsabilité. Face à la
montée des prétentions territoriales du
duc de Savoie, le passé de Lesdiguières
fut oublié au profit de ses qualités de
chef de guerre. Ainsi, Lesdiguières fut nommé
Lieutenant général en Dauphiné en 1597. Commence alors
sa 2e vie. Résidant à Grenoble, il transforma
la ville, en se faisant construire un hôtel particulier
doté d'un jardin qui deviendra plus tard jardin
de la ville. C'est également lui qui fit assainir
la ville en la dotant de nouveaux égouts, de
nouveaux ponts, et de fontaines. Il amplifie la surface
fortifiée de la cité, en agrandissant
son enceinte. En 1600, le roi Henri IV se rend à
Grenoble pour assister aux travaux d'endiguement des
rivières Drac et Isère. En 1622, c'est
Louis XIII qui fit une visite à Grenoble. Il
y rencontre Desguières, nommé entre temps
connétable de France. Ce dernier mourra en 1626.
En
1628, Louis XIII modifie le statut administratif du
Dauphiné, qui passe de "Pays d'Etats", à
"Pays d'Election". Les députés
du tiers Etat qui contrôlaient jusqu'à
présent la gestion des finances publiques, sont
remplacés par des personnes désignées
par le roi, ainsi qu'un intendant. Le plus célèbre d'entre
eux sera Nicolas
Fouquet de 1643 à 1644. En 1628, une terrible
peste ravage Grenoble et il faudra attendre 1633 pour
que les travaux d'embellissement entrepris reprennent.
La ville va subir une série d'inondations, du
fait de la rivière Drac et des changements de
lit de ses nombreux méandres. D'importants travaux
de canalisation de cette rivière seront entrepris
entre 1675 et 1686. Ils seront suivis par d'autres,
au cours du temps, car Grenoble a très souvent
été sujette à des inondations (voir
la page "bords
de l'Isère à Grenoble"). 1685
est une date funeste pour la ville, car c'est celle
de la révocation de l’Edit de Nantes par Louis XIV.
Ceci va entraîner des persécutions contre les
protestants, et le départ de 3 000 d'entre eux
va affaiblir l'économie de la ville. Toutefois,
le XVIIIe siècle va voir l'industrie de la ganterie
de Grenoble prendre une place prépondérante,
à la place de celle de Grasse, qui était
essentiellement aux mains de protestants qui durent
émigrer. La ville fut à nouveau frappée
par des inondations majeures (1733, 1740...).
L'autre
date importante de l'histoire de Grenoble est le 7 juin
1788, dite "journée des tuiles", des
habitants de Grenoble, perchés sur les toits
ayant lancé une pluie de tuiles sur les troupes
du lieutenant général du Dauphiné. Ce qui est incroyable
c'est que cette révolte protégea en fait
les intérêts des élites de Grenoble,
magistrats, avocats, greffiers, huissiers ! En effet
Louis XVI avait fait promulguer, par l'intermédiaire
de
Charles Alexandre de Calonne, contrôleur général
des finances, une réforme portant sur la création d'assemblées
provinciales et municipales qui établissaient pour la
première fois l'égalité de tous les citoyens
devant les impôts ! C'est en fait pour protéger
leurs intérêts que les membres du parlement
du dauphiné refusèrent cette réforme,
craignant de voir bon nombre de leurs postes supprimés.
Le 21 juillet, une assemblée de 540 représentants
du dauphiné se réunit au château
de Vizille (qui deviendra plus tard musée
de la Révolution Française) et sollicite
du roi Louis XVI qu'il abroge sa réforme. Douze
jours plus tard, le 2 août, le roi cède à ces
revendications. L'Assemblée de Vizille est considérée
comme l'acte fondateur de la Révolution française.
Or c'est bien pour défendre des privilèges
que la population de Grenoble descendit dans la rue
! Les privilégiés et leurs familles représentaient
à l'époque 1/5 de la population de Grenoble.
Ceci explique aussi que la Révolution française
ne fut pas accompagnée par la terreur à
Grenoble, où il n'y eu que 2 exécutions.
Bien que montagnards, les grenoblois furent surtout
"Girondins" ! La révolution mit fin
à l'entité "Dauphiné"
en la divisant en trois départements : la Drôme, les
Hautes-Alpes et l’Isère, et une partie sera ratttachée
au département du Rhône, au cours du XIXe
siècle. A la fin du XVIIIe siècle le Drac
est une rivière totalement canalisée.
L'éssor
de la vie univeritaire se fera sous le 1er Empire, avec
la résurrection de l'Université de Grenoble.
Napoléon, passa par Grenoble à son retour
de l'île d'Elbe. C'est la population qui lui ouvrit
les portes. Ce passage à Grenoble lui permit
de récupérer de quoi équiper une
armée : 200 canons, 60 000 fusils, et une importante
quantité de munitions et d'explosifs. Après la
chute de l'Empire, les grenoblois vont s'opposer aux
troupes austro- sardes pendant quelques jours. Les traités
signés avec l'ennemi vont remettre Grenoble sur
la frontière, face au royaume de Piémont-Sardaigne.
C'est la raison pour laquelle les fortifications de
Grenoble furent renforcées de 1824 à 1847,
donnant à la colline de la Bastille son aspect
de fortifications en cascade.
La
2e république, promulguée en 1848, puis
le second empire vont être des périodes
d'expansion de l'activité économique de
la ville : ateliers municipaux, extension de l'industrie
de la ganterie par l'invention d'un procédé mécanique
pour la découpe des gants. L'industrie gantière
de Grenoble et de sa région va rayonner dans
le monde entier. En 1860, on dénombrera 112 fabriques
employant 2 000 ouvriers et 30 000 ouvrières. En 1858,
Grenoble voit l'ouverture de sa première gare
ferrovière, inaugurée en 1860 par Napoléon
III . Le frein le plus puissant à l'extension
de la ville fut la présence des militaires, ceux-ci
classant Grenoble en tant que "place forte de première
importance", même après le rattachement
de la Savoie à la France, par le traité
de Turin (1860).
En
1888, 1890, et en 1895, la Ville demanda le déclassement
des servitudes militaires des fortifications situées
à l’est de la ville, entre les vieux quartiers et le
faubourg de l’Île Verte. Le ministère de la Guerre opposa
un refus catégorique. Par contre les faubourgs poursuivirent
leur croissance, sans espoir d’être intégrés à la ville.
Il faudra attendre 1925, pour que le ministère de la
Guerre accepte de déclasser Grenoble en tant que place
forte. Ce sont alors les emprises militaires qui vont
permettre à Grenoble de s'étendre.
Autre
fait marquant de l'histoire de Grenoble : l'arrivée
de l'électricité. Le 14 juillet 1882,
la place de la Constitution (actuelle place de Verdun)
fut illuminée par vingt lampes à incandescence,
alimentées grâce à une machine à vapeur. La "houille
blanche" va commencer sa conquête du monde
industriel. L'utilisation de l'hydroélectricité, de
ses dérivés, l'électrochimie et l'électrométallurgie,
vont accélérer la croissance économique
de la région, entraîner la création de nouvelles entreprises,
et faire entrer la région dans l'ère de la grande industrie.
Sur
le plan du tourisme, la fin du XIXe siècle marque
le départ de la croissance de ce secteur, avec
la création du premier office du tourisme en
France. Le 15 avril 1889 est créé un syndicat
d'initiative dans l'intérêt de la ville de Grenoble
et du Dauphiné. Il va être l'ancêtre des
syndicats d'initiative en France. En novembre 1895,
la première société française de ski le "Ski Club
des Alpes" est créée à Grenoble, ce que fera Chamonix
l'année suivante.Grenoble est alors entrée
dans l'ère moderne.
La
fondation du site, par les romains (Animation,
en français 1'30)