Pendant
20 ans, de 1883 à 1903, Pissaro va se rendre dans les
trois ports normands de Rouen, Dieppe et Le Havre afin de
peindre un sujet qui lui tient à coeur : les ports industriels.
Ceux-ci
qui conjuguent trois motifs d’intérêt : la vue urbaine, l’activité
humaine et industrielle, et une atmosphère maritime par nature
instable, offrant une gamme de variations atmosphériques infinies.
A l’occasion de sept séjours successifs dans ces trois ports,
Pissarro décline à l’envie, depuis le même point de vue, des
paysages aux ambiances tantôt lumineuses, pluvieuses, brumeuses.
L’originalité
du point de vue très particulier de Pissarro sur les sites portuaires
est due notamment à son positionnement physique, le plus souvent
en hauteur, à partir d’un atelier installé dans une chambre
d’hôtel.
Après
Rouen, il se rend dans le port de Dieppe en 1901 et 1902. Aux
vues urbaines du centre historique exécutées la première année,
succèdent les larges vues qui embrassent le paysage portuaire
de Dieppe, animées d’une foule nombreuse. « Dieppe est un endroit
admirable pour un peintre qui aime la vie, le mouvement, la
couleur » écrit-il.
Alors
qu’il semble décidé à revenir encore à l’été 1903, Pissarro
se laisse convaincre par un collectionneur havrais, Pieter Van
der Velde, de s’installer au Havre, le port, où le futur artiste,
alors âgé de 12 ans avait débarqué en 1842, venant des Iles
Caraïbes, pour suivre des études à Paris ».
Lors
de son premier séjour, Pissarro s'installe dans le centre historique,
à l'hôtel du Commerce, situé face au portail nord de l'église
Saint-Jacques et peint neuf tableaux représentant l'édifice
gothique à différents moments de la journée et la place du marché.
L'année suivante, à la veille de son départ pour Dieppe, il
écrit : « Dieppe est un endroit admirable pour un peintre qui
aime la vie, le mouvement, la couleur. J'y ai des amis, et je
connais les motifs que j'aimerais faire ».
Délaissant
le quartier historique, il se tourne vers le port et loue une
chambre au 7, arcades de la Poissonnerie de manière à pouvoir
varier ses motifs. De son poste d'observation, il peut balayer
du regard le paysage, particulièrement le quai Duquesne, depuis
l'avant-port et le marché aux poissons jusqu'au bassin Duquesne.
« Mes motifs sont très beaux, écrit-il, la Poissonnerie, l'avant-port,
le port Duquesne, le Pollet, par la pluie, le soleil, les fumées
».
Le
port de Dieppe par sa configuration particulière, quelque peu
enclavée dans le site bordé de falaises, offre un répertoire
renouvelé à Pissarro. Les navires à voiles ou les bateaux à
vapeur se mêlent aux ferries assurant la liaison avec l'Angleterre.
Véritable port de mer, les bassins se remplissent ou se vident,
fournissant au peintre de nouvelles variations d'un même sujet.
Le chemin de fer arrive directement sur le port, déversant chaque
jour des flots de voyageurs, qui dessinent, sur l'espace bien
dégagé des quais, des attroupements singuliers, sujet de toutes
les attentions de l'artiste. Comme à Rouen, Pissarro recherche
la variété des effets atmosphériques.
Les
changements très fréquents de la météorologie lui offrent une
matière riche, même si le mauvais temps de cet été là rend son
travail plus difficile. « Il fait ici un temps désespérant,
heureusement, je possède une fenêtre sur les bassins qui me
permet de travailler quand même » écrit-il, s'exclamant : «
c'est beau tout de même, les effets fugitifs sont admirables,
aussi ai-je un mal fou à les suivre ». Ce second séjour dieppois
(10 juillet au 30 septembre 1902) est particulièrement productif
pour l'artiste qui peint vingt toiles.
Dans
une autre lettre, il confie même : "C’est la foire en ce moment,
chevaux de bois, musique de Gounod à vapeur et autres grands
classiques !!! je n’en dors pas !!". Fasciné par l’activité
du marché aux poissons, il le représente à plusieurs reprises
dans des dessins, ainsi que dans des toiles. "Bâtie à petites
touches patientes, notre composition transcrit à merveille la
vivacité des commerçants et l’agitation d’une foule bigarrée
faisant ses emplettes" Employées à l’état pur, les couleurs
– bleu, vert, rouge – sont juxtaposées en légères touches dansantes
et scintillantes. Chaque note chromatique trouve son timbre
accordé à celui des notes voisines. La gamme ainsi orchestrée
met bien en valeur l’animation des quais dieppois.
Camille Pissarro peint une scène de genre d’une réalité naturellement
mouvante qui apparaît grâce au papillotement des tons unifiés
par le mélange optique. L’impressionnisme pointilliste atteint
ici, en illustrant la vive effervescence du port de Dieppe,
un plaisant éclat presque jubilatoire.
Liens/links
Artcyclopedia
La liste des musées où se trouvent des oeuvres
de Pissaro.
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